« Toute idée non conforme au gabarit devra être éliminée ». (John Steinbeck)
Cette phrase est citée par Claude Michelet lui-même pour illustrer son propos et la tonalité du dernier roman de cette saga familiale: une dénonciation.
Si les terres des Viahle n’ont pas bougé de place, en revanche, les Viahle eux-mêmes ont eu, dans ce quatrième roman, tendance à se disperser plus ou moins loin de la Corrèze. C’est ainsi que Dominique et Béatrice, parents de deux enfants, ont posé leurs bagages en Nouvelle-Calédonie où, en ces périodes troubles, il convenait de composer avec les Kanaks. Actualité brûlante de l’époque.
Le fils de Jacques, jean, fonctionnaire auprès du ministre de l’agriculture, rentrant de Bruxelles, fait la connaissance d’une charmante brune, journaliste: Olivia Masson. Une idylle à venir.
Puis, on les retrouve eux aussi en Nouvelle Calédonie pour s’associer au cousin déjà sur place. Les coutumes de là-bas, les événements d’Ouvéa mettent en relief le dépaysement et les us et coutumes des lieux.
Jacques est bien malade maintenant; il fait une crise cardiaque; son activité est remise en cause. Il faut passer la main. Dominique revient à Saint Libéral pour réglet avec sa soeur les affaires dans la perspective de l’avenir .
Dans la scène finale, Mathilde demande à monter au Puy Blanc où, jadis elle avait relevé avec Léon, Pierre-Edouard et Louise les collets de grives, les avoir abandonnés aux loups, effrayés qu’ils étaient. Elle se souvient de la rencontre amoureuse avec Pierre-Edouard, de la célébration de ses Noces d’Or en sa compagnie.
Dominique, l’héritier, a loué un 4X4. Mathilde contemple la terre des Viahle. Comme si Claude Michelet faisait un bilan de la saga, comme si l’auteur dressait un bilan sur la vie qui naît, s’écoule et meurt, à l’image de la nature et de l’activité agricole qui subit les décisions de ceux qui ne la cultivent pas mais décident loin de toute réalité.
Ce roman, écrit en 1998 est plus qu’un roman. Il est aussi un témoignage des temps passés qu’on ne rattrape plus et une mise en garde contre les présents qui saccagent, broient, font un trait sur le passé et privilégie la technocratie qui remplace le bon sens. Jusqu’à quand?
Alain Dagnez.